Sous fond de tensions politiques entre la Russie et l’Ukraine où les pourparlers sont entre-mêlés de sanctions économiques, financières-fiduciaires voire sportives, l’actuel conflit découle malheureusement, donc, dans presque tout les domaines, y compris dans le domaine spatial : au détour d’un briefing-mission relatif à la future mission Axiom Space-1 (S1) qui sera impulsée, fin Mars 2022, par SpaceX, l’administratrice associée de la NASA chargée des opérations spatiales, Kathy Lueders, s’est exprimée sur la situation vis-à-vis des cosmonautes russes.
“Nous continuons à surveiller la situation […] nos centres de contrôle fonctionnent théoriquement ensemble. Nous avons obtenu le soutien dont nous avions besoin et donc l’équipe se réunit quotidiennement, nous voulons nous assurer que tous nos gens en Russie fonctionnent, (que) tout le monde va bien nous continuons à fonctionner normalement et à faire nos activités d’entraînement […] il faut continuer à surveiller la situation […] le personnel est bien conscient que nous avons déjà opéré dans ce genre de situation auparavant et les deux parties ont toujours opéré de manière très professionnelle et comprennent à notre niveau l’importance de cette fantastique mission et la poursuite des relations pacifiques entre les deux pays dans l’Espace“. Pour rappel, certaines parties de l’ISS (International Station Space – Station Spatiale Internationale) ne peuvent pas correctement ou de manière autonome fonctionner sans l’aide actuelle des équipes spatiales russes. Du reste et tout comme les Etats-Unis, la station spatiale étant sur sa fin de cycle d’amortissement (vieillissement, dégradation des composants comme l’avait montré, entre-autres, les incidents d’isolations internes des quartiers des cosmonautes), il serait prévu, tout comme la Chine, de passer à un autre projet dès 2024-2025 voire 2030, via une extension du cycle validé par la gouvernance Biden-Harris.
Du reste, “la discussion des questions liées à l’extension de l’exploitation de l’ISS a eu lieu lors de la dernière réunion de la commission de sécurité début septembre dans un format à distance. Les membres de la commission – représentants des pays participant au programme ISS – ont discuté de l’état actuel de la station et sont parvenus à un avis commun : avec un entretien constant et adéquat de l’ISS, il est recommandé de continuer à effectuer les tâches assignées en orbite après 2024”, selon Roscosmos (presse), en Septembre 2021, concernant, également, un prolongement potentiel de la station spatiale.
Pour rappel, la mission SpaceX Axiom S1 décollera d’ici le 30 Mars 2022 depuis la base de lancement cap Kennedy-Canaveral (Floride – Etats-Unis) : il s’agira d’un vol habité composé de quatre personnes (Michael López-Alegría, Larry Connor, Mark Pathy et Eytan Stibbe). D’une durée initiale de 8 jours, il s’agira, tout comme les expéditions, de conduire des activités commerciales (désormais) et scientifiques depuis l’ISS.
En aparté et des suites des mots et sanctions fermes de la Maison Blanche, depuis le 24 Février 2022, à l’égard de la Russie et selon la retranscription (en Anglais) de Rob Mitchell relayée par Eric Berger (Ars Technica), Dmitri Rogozine, dirigeant principal de Roscomos, a textuellement répliqué : “vous voulez nous bloquer l’accès à la microélectronique durcie aux rayonnements destinée à être utilisée dans l’espace ? Vous le faites déjà depuis 2014. Comme vous l’avez peut-être remarqué, nous avons néanmoins continué à fabriquer nos propres appareils spatiaux […] voulez-vous interdire à tous les pays de lancer leurs engins spatiaux sur des fusées russes, les plus fiables au monde ? Vous le faites déjà et vous envisagez de détruire complètement le marché spatial concurrentiel mondial en imposant des sanctions à nos lanceurs ? […] voulez-vous détruire notre coopération sur l’ISS à partir du 01/01/2023 ? Ne le faites-vous pas aussi déjà en limitant les échanges entre nos centres de formation pour cosmonautes et astronautes ? Ou voulez-vous contrôler l’ISS tout seul ? Peut-être que le président Biden n’est pas au courant, alors expliquez-lui que la correction de l’orbite de la station et les corrections pour éviter les conjonctions dangereuses avec les débris spatiaux que vos talentueux hommes d’affaires ont envoyés dans LOE sont rendues possibles exclusivement en utilisant les moteurs des puces cargo russes Progress MS. Si vous bloquez la coopération avec nous, qui sauvera l’ISS d’une désorbitation non guidée pour impacter le territoire des États-Unis ou de l’Europe ? Il y a aussi le risque d’impact de la construction de 500 tonnes en Inde ou en Chine. Voulez-vous les menacer avec une telle perspective ? L’ISS ne survole pas la Russie, alors le risque est le vôtre“… A suivre !